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 Ballade à deux... Hénissement...Non à trois...(26 octobre 1458 )

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Missanges

Missanges


Nombre de messages : 548
Localisation : Moulin des Kerdren, Kastell Paol !
Date d'inscription : 19/06/2009

Ballade à deux... Hénissement...Non à trois...(26 octobre 1458 ) Empty
MessageSujet: Ballade à deux... Hénissement...Non à trois...(26 octobre 1458 )   Ballade à deux... Hénissement...Non à trois...(26 octobre 1458 ) Empty13/12/2010, 05:59

Missanges, le 26/10/2010 à 17:26 a écrit:
C’est une tradition ou une envie !
Enfin une opportunité peut être ? En avons-nous besoin ? Prendre ce prétexte, se réfugier derrière certains critères afin de satisfaire nos envies.
Enfin toujours est-il que nous avions décidé de faire notre voyage de noce.

Dernière chope de Prunàvampi dégustée à Marrée Basse avec les fidèles amis. Je laisse le moulin, comme toujours ouvert, refuge éternel aux itinérants du voyage.
Non ! La seule ombre cette fois ci c’est la nouvelle !
Non pas une dépêche, non tout simplement une nouvelle arrivée dans notre beau village. Jenifael !
Jenifael qui aime la prune et qui sait notre collection de vieilles Marie-Jeanne. Je tapote la poche de mon pantalon. Je la sens, elle est toujours là. Petite clé de bronze, petite clé, paradis céleste du palais. Va avoir du mal Jeni à piquer nos bouteilles et puis il y a les mamettes qui veillent aux grains et Mahestine qui a toujours son battoir à linge…hé hé, faut pas déconner tout de même à peine arrivée et ça veut tout siffler.

C’est avec un sourire taquin que je quitte Kastell pour un bon nombre de jours. Nuage attend patiemment le départ sellé, prêt, à nous transporter de villes en villes. Nos corps profilent nos ombres qui nous devancent comme des sentinelles lugubres. Coup sec sur les rênes, langue qui claque intimant l’ordre de départ.
Et voilà le canasson le plus têtu de Kastell qui se met en route martelant de ses sabots les pavés de St Pol.

Dernier regard en direction du moulin. Les ailes sont fixes aucun battement seule la voile luttant contre le vent émet un bruit sec de défense résistance bien maigre face aux bourrasques si célèbres de bretagne. Nous traversons le village, passons devant les dernières fermes isolées et nous voilà en rase campagne. J’essaye de graver dans ma mémoire ces dernières demeures politaines.
Quelle belle voyageuse que voilà ! Même pas sortie du village et déjà le mal du pays !
Ben oui c’est ainsi !

Missanges, le 28/10/2010 à 18:12 a écrit:
Derniers aboiements de chiens sur notre passage.
Dernières lumières du village qui scintillent de plus en plus faiblement jusqu’à disparaître totalement et puis c’est le noir.
Seul un cheval portant un couple d’amoureux se risque dans cette pénombre. Vaillant Nuage égal de sa propriétaire, toujours à braver l’inconnu pour en comprendre les méandres.
Direction Tréguier en longeant la côte. La nuit est fraîche et quelques lambeaux de brouillard nous caressent, nous transpercent froidement telle la lame d’une épée.
La brume me glace déposant sa marque humide sur mon visage et sur mes mains.

Le bruit des sabots de ma monture se feutre, s’étouffe sous l’épaisseur du brouillard rendant un son caverneux.
Le ciel et la terre ne font qu’un, tout devient ombre et brouillard. Puis lentement des maisons se profilent, se montrent étrangement par moitié, par pans semblant lutter pour apparaître.
Tréguier est devant nous. J’espère y voir mes amis, Rico, Esmy, Saku et tant d’autres. La belle Zaka qui cette fois ne m’y prendra pas comme la veille de mon mariage. Une chope passe devant mon esprit me rappelant l’espace d’un instant un doux moment passé en taverne en sa compagnie. Je repense à son cadeau et je frémis sous ma cape. Ce n’est pas aujourd’hui que je vais le porter. Mais cela est certain, une taverne ce soir va s’animer. Les voyelles des phrases vont devenir uniformes et nos rires vont résonner encore une fois.

Missanges, le 29/10/2010 à 12:33 a écrit:
Personne !
Pas un chat, pas un habitant. Personne en taverne.
Nuage avance se dirige vers l’habitation de mon amie Zakarine. Je fais le tour complet de sa maison. Faut bien se rendre à l’évidence tout le monde doit être en train de voyager.
Une main dans celle de mon mari et dans l’autre les rênes de ma monture, nous déambulons dans les rues de Tréguier attendant le soir pour se remettre en route.
Je regarde un homme couper son bois pour l’hiver. Nos regards se croisent. A cet échange l’homme bombe le torse, crache dans ses mains et sa hache se fait plus haute, plus lourde. Ses muscles saillent et le bois se fend.
Je murmure taquinement dans un battement de cils au Nek plus ultra qui tient ma main.


Impressionnant ses muscles, tu ne trouves pas ?


Sa main lâche la mienne, enserre ma taille et fait pression contre son corps. Un regard délibéré, destiné à me troubler à me remémorer les siens et des lèvres qui se posent dans mon cou. Un regard direct, très dense, très brûlant comme peut l’être celui d’un jeune marié.

Tu as déjà oublié les miens ?

Sourire taquin qui me prend au piège de mes propres paroles. Je réponds à son baiser et mes yeux se reportent sur le tas de bois fendu essayant d’ignorer l’allusion.
Un enfant s’empresse à chaque coup de hache de prendre les morceaux ouverts en deux et de les empiler contre un côté de la maison. Tas qui grossit petit à petit qu’un âtre de cheminée consumera doucement lors d’une nuit d’hiver.
Le crépuscule tombe lentement se fond rapidement en obscurité et sous la lune pleine et ronde nous continuons notre route pour St Brieuc.
Missanges, le 01/11/2010 à 15:27 a écrit:
Pas besoin d’indiquer à Nuage la route de St Brieuc. Il la connaissait maintenant par cœur.
Pas besoin de tirer sur les rênes ou de donner de légers coups de bottes dans ses flancs pour l’inciter à tourner tantôt à droite, tantôt à gauche. Non ! Il savait s’y rendre seul. Et comme par hasard, il s’arrêta sous ce gros chêne, celui-là même où nous nous arrêtions à chaque fois lors de nos visites dans cette ville.

Cet arbre qui trônait au milieu de la place et dont la circonférence à première vue était de trente pas.
Oui à première vue !
Car en fait la grosseur du tronc dépendait de la vision de chacun et chacun n’avait pas du tout la même vision s’il regardait le chêne avant d’entrer en taverne ou après lorsqu’il sortait de cet antre de boisson. La proportion variée et en devenait parfois très bizarre voire trouble.

La pierre de granite était toujours sous cet arbre majestueux dont l’ombrage était tant recherché l’été. Sautant bas de Nuage, entrant rapidement dans la taverne de mon amie Mimi, j’avais hâte de la voir. Mon enthousiasme fut de courte durée. J’appris rapidement qu’elle était en voyage. Sniff !!
Mais d’autres amis étaient présents, mais ce jour là, je ne vis que Grunen et furtivement Liocéa…
Missanges, le 07/11/2010 à 14:50 a écrit:
Et voilà on y était !
En pleine forêt en direction de Rohan. Je n’aimais pas cet endroit. Toute cette ombre, tout ce noir. Ces grands arbres qui prennent des formes bizarres. Ces végétaux qui deviennent soudainement menaçant tordant leurs branches pour vous faire peur.
Chaque frottement de branches entre elles émet un murmure inquiétant.
Chaque bruissement de feuilles semble crier une longue plainte lugubre, agonisante.
J’avance, l’oreille tendue respirant doucement. Mon cœur cogne si fort que son battement s’intensifie dans ma tête.
Des doigts invisibles semblent me toucher. Mes membres deviennent de plus en plus lourds. Mes muscles se tendent douloureusement.
Aucun bruit !
Rien !
Juste ce silence pesant qui vous donne le frisson, qui vous glace le dos.

- Nek, pourquoi voyage t’on toujours la nuit ?
Aucune réponse, c’est bien ma veine ça. Comment peut –on dormir sur un cheval !
- Nek, tu dors ?
Ah ! Il est beau le Nek plus ultra ! Ma voix monte de plus en plus fort.
- Nek, répond moi j’ai l’impression d’être seule tout le temps.
Des mains se crispent sur ma taille et des lèvres parcourent ma nuque, au même moment où une chouette hulule. Mon corps se tétanise, j’ai l’impression qu’une multitude d’aiguilles transpercent mon corps.
Elle a choisi le bon moment celle-là, saleté de bestiole tu ne pouvais pas crier plus tard !

-Purée Nek, un autre coup comme ça et tu finis le voyage seul !
Une douleur dans mes doigts me rappelle de relâcher la pression que ma main exerce serrant les rênes.

Doucement l’obscurité devant nous s’estompe. Une clarté se dévoile lentement, timidement comme si le jour se déshabillait tout en finesse laissant apparaître ses formes. Des pierres, lisses, tantôt arrondies, tantôt plates et pointues s’élèvent devant nous en un mur irrégulier. Celui-ci se veut menaçant contre d’éventuels voyageurs dangereux mais il est tout autant protecteur, défensif pour ses habitants.
Des buissons denses, noirs comme les ténèbres sont étroitement enlacés repoussant de leurs épines quiconque aurait l’audace de franchir cette enceinte.
Des paroles parviennent à mes oreilles. Deux femmes discutent. Je reconnais immédiatement mon amie de Tréguier Zakarine ! Mon visage s’illumine. Ainsi elle était en voyage comme moi…
La peur s’efface, la fatigue se dissipe. Un sursaut d’énergie monte en moi. Nous sommes arrivés. Je me sens en sécurité
Ouf !
Nekkronn se serre contre moi, me transmet sa chaleur. Celle-ci m’apaise, me rassure. Un souffle contre mon oreille, ses lèvres me murmurent,

-Chéri, j’ai oublié de rendre le mandat à St Brieuc, il faut retourner…
L’énergie naissante se transforme en une montée d’adrénaline et j’ai soudain envie de le mordre. Mes yeux le fixent, mes pupilles se dilatent, s’agrandissent et nerveusement je réponds,
Hein ! tu plaisantes là j’espère…
Missanges, le 10/11/2010 à 18:04 a écrit:
Et nous dûmes refaire le trajet le lendemain en sens inverse afin de rendre ce mandat. Ce qui allait engendrer encore un autre trajet pour retourner sur Rohan.
Le plaisir de revoir mes amis l’emporta sur ma peur de parcourir encore ces bois. Nous fîmes donc une fois de plus un aller en direction de St Brieuc et un retour en direction de Rohan.

Le soir venu, après avoir décliné nos identités auprès d’une charmante dame pour franchir l’enceinte de la ville. Nous prîmes donc la direction de l’écurie comme cette personne nous l’avait conseillé. Nuage avait besoin de repos et nous aussi. Assise sur un ballot de paille, j’observe mon mari prendre par poignées la paille sèche et bouchonner ma monture qui était devenue au fil des jours de notre voyage aussi la sienne. Celui-ci semblait apprécier ce frottement pourtant si rêche à première vue. Puis il l’étrilla passant la brosse sur sa peau. Mes yeux attentifs sur ses gestes attentionnés le regardent faire.
Sa paume caresse lentement les courbes de Nuage parcourant ainsi son corps faisant trembler quelques veines sur son passage.
Ses doigts glissent sur sa crinière. Montrant un signe de soumission les crins les plus rebelles se lissent soyeusement
Sa main descend doucement le long de ses jambes pour finir sur ses sabots.
Nuage l’avait adopté, le plus têtu des canassons avait été vaincu par tant de gentillesse et de douceur.

Soudain relevant la tête, ses yeux me regardèrent emplit de tendresse et délicatesse.

A vous maintenant M’dame.
Hein ?
M’attrapant par la taille me soulevant de ses bras puissants je tournai un moment contre son corps.
Viens voir ce que j’ai trouvé en cherchant l’étrille tout à l’heure. Tout excité à l’idée de me montrer sa découverte, prenant ma main pour me guider je fus entraînée à le suivre rapidement.
Ma vision se porta sur une stalle, contournant quelques ballots de paille, un abreuvoir trônait en son centre. Ecarquillant les yeux

Je ne vais pas prendre un bain dans un abreuvoir. Tu rêves !
Ah non ! Je te signale, si tu daignes le regarder qu’il n’a jamais été utilisé et que la pierre est lisse, finement polie et que ton fessier délicat ne s’en plaindra pas !
Mon fessier délicat ! Prenant une moue boudeuse je le regardais fronçant les yeux. Une voix à peine audible répétait en moi ses mots comme un écho

Mais Nekkronn comme un digne breton au caractère bien trempé avait décidé que !
Je le vis disparaître pour réapparaître tenant en ses mains deux seaux remplis d’eau fumante. Ainsi il avait tout prévu…

M’dame veut que je la déshabille ou M’dame va t’elle le faire toute seule ?
M’dame va rester sale tout le long du voyage ou M’dame va t’elle saisir l’occasion de prendre un bon bain avec son mari suivit d’un bon massage ?

Ses yeux me parcoururent avec amusement et je sentis une pointe d’ironie. Puis le plus naturellement du monde il se déshabilla et entra dans cette espèce de cuve en pierre.
Et si une personne entre ?
Je dirai que je suis avec un laideron, que tu as la peste
Ho ! C’est gênant tout de même
En quoi ? Je te signale que nous sommes mariés …
Je sais !
Cela veut dire que je t’ai déjà vu nue
Pas la peine de tout dévoiler non plus !
Pestant encore plus, haussant les épaules lui jetant un regard noir très noir, je me déshabillai à mon tour lentement prenant le même air ironique que lui Sachant pertinemment qu’à ce petit jeu les femmes sont toujours gagnantes !

Je pris de ma besace un petit flacon d’huile parfumée j’en répandis plusieurs gouttes dans l’eau fumante. Agitant ma main pour diffuser l’huile répandue qui sous cette agitation rendit une mousse délicatement parfumée.
Mon pied toucha le fond de la cuve, j’entrai dans ce bain improvisé mon dos venant contre sa poitrine. Je sentis mes muscles ankylosés par le voyage se relaxer.
J’avais épousé un fou !
Puis taquine je lui dis

Vraiment laideron ? Et mon rire résonna entre tous ces ballots de paille.
Oui, le cœur de la meule rien de meilleur !
nekkronn, le 12/11/2010 à 14:49 a écrit:
Vraiment laideron ?

Dit-elle en riant
Je répondis en lui souriant


Plus maintenant puisque tu prends un bain avec moi

Elle s’installa dans l’abreuvoir son dos se collant à mon ventre.
Je commençais à la masser, d’abord les épaules ankylosées puis son dos et continua sur tout son corps en ne délaissant aucune parcelle de sa peau.

Après avoir passé un bon bain, je l’emmenai vers une clairière où j’avais établit un joli petit nid d’amour bien douillet. Les canards des environs avaient perdu quelques plumes dans l’affaire mais que ne ferait on pas pour sa tendre et douce épouse.

Nous passions une douce et agréable nuit ensemble afin d’être frais et dispo pour se remettre en voyage dès le poltron minet.
Missanges, le 12/11/2010 à 21:43 a écrit:
Le bain nous ayant ouvert l’appétit, nous prîmes le chemin de la taverne. Un léger vent faisait onduler mes cheveux autour de mes épaules. Lavés de frais, ils rendaient une douce odeur de parfum.
Ce ne fut pas la douce lumière de la flamme que rendait la cheminée au fond de la pièce.
Ce ne fut pas le tavernier s’avançant vers nous pour prendre la commande qui attira mon attention.
Ce fut une chevelure flamboyante assise seule qui capta mon regard.
Le bruit de la porte lui fit tourner son visage et un sifflement entre ses lèvres fusa.

Miiiiiiiiiiiiiisssssssssssssssss !

Des yeux qui s’illuminent, pétillant de joie, la même expression sur nos visages savourant ce moment de bonheur.
Puis la taverne s’anime, le rire, les paroles emplissent la pièce. Le bruit des chopes qui s’entrechoquent. La soirée commence et se poursuit plaisamment jusqu’au moment fatidique du départ. Aucun adieu, seulement des au revoirs et notre route continue avec plaisir puisqu’elle nous mène vers la ville de mon filleul Doolive.

Une taverne en chasse une autre mais un lieu toujours identique. Lieu de rencontre et d’échange que tout un chacun devrait visiter un moment, animer de leur présence l’espace de quelques instants.
Doolive était là, ainsi que Gaby et Centi, heureuse soirée que celle-ci faite de papotages et de rires autour de la prunàvampi, fidèle fiole de route. Celle-ci hydrate le gosier redonnant l’énergie pour les distances à parcourir.
Prune magique qu’est tout de même cette prunàvampi.
Et soudain dans la conversation, une phrase fuse, innocente et elle résonne en moi
Auria est morte !
Je reste paralysée, le regard plein de stupeur.
Tu ne savais pas ?
Non !
Auria, mon amie, ma filleule a disparu !


Partir, prendre congé, être seule. Je cours chercher mon cheval et je pars. Les sabots de Nuage sont dans ma tête, ils martèlent mon crâne et un écho revient toujours en un mot Auria.
Une rafale de vent fait tourbillonner la poussière de la route. Les feuilles tournoient devant mes yeux. J’avance, toujours plus vite, toujours plus loin.
Puis l’écho s’affaiblit, s’éteint complètement, c’est le noir.

La première clarté de l’aube nacre le ciel, irrite mes paupières. Je cligne des yeux sortant d’un sommeil lourd. Pendant un instant, je m’interroge, je me demande où je suis ! Ma mémoire revient lentement.
Une douleur dans ma poitrine, un poids. J’ouvre pleinement mes yeux retrouvant mon esprit et mon regard rencontre deux yeux qui me fixent. Couché sur mon thorax, un pigeon roucoule
Me levant subitement en hurlant de peur.

Saleté de bestiole !
Lequel de nous deux eut le plus peur ?
Lui toute plume hérissée et moi tremblant de tout mon corps une fine chair de poule s’installant sur ma peau. Pestant, vociférant contre ce volatile, je vis un vélin à ses pattes. La peur passée, je détachai lentement le rouleau en rassurant l’oiseau. Mes yeux s’écarquillèrent sur la lecture


Chéri, tu m’as oublié à Vannes ! Viens me chercher. Nek !
Missanges, le 16/11/2010 à 13:56 a écrit:
Et je refis le chemin en sens inverse une fois de plus. Plusieurs questions se bousculaient en moi.
Comment avais-je pu oublier mon mari ?
Et puis soudain une étincelle éclaira mon esprit
L’étincelle !
Pourquoi moi ? Oui ! Pourquoi serais ce moi et pas lui ! Lui qui avait oublié de me suivre après tout. A cette pensée, une chaleur d’énervement passa dans mes veines.

Nuage progressait avalant ces lieues parcourues récemment fouettant l’air de sa queue. Montant sans difficulté une pente pour la redescendre au petit galop.

Mon esprit vagabondait je devais réfléchir comment aborder le sujet une fois les retrouvailles faites. Cela allait sûrement être animé.
Deux solutions, je ne voyais que deux solutions à ce problème là.

La première étant de faire profil bas, en m’excusant de l’avoir oublié y ajouter une dose de comédie en prenant une voix enjouée tout en faisant les yeux doux.
Mimant la scène du haut de mon cheval je répétais devant un théâtre grandiose que dame nature m’offrait, avec pour tout applaudissement le doux chant des oiseaux. Je prenais de multiples timbres de voix les essayant tous les uns après les autres afin de trouver la phrase adéquate. Battant des cils, prenant plusieurs postures différentes afin de trouver la meilleure mimique pour me faire pardonner. Et tout en avançant je jouais et rejouais la scène en imaginant l’acte final à notre rencontre.

Nuage hennit et son hennissement ressemblait à une plainte.


Ben quoi ! Je répète. Que dirais tu toi si ta belle te laissait en plan dans l’écurie ! Tu n’as pas ce problème là !

La deuxième des solutions était de rentrer dans le lard. Attaquer en disant que c’était de sa faute, qu’il aurait pu me courir après. En général on aime bien… Me rattraper, me suivre en criant. Oui j’allais faire cela provoquer une scène de ménage.
Le souci qui s’imposait à moi c’est que je n’étais pour aucune de ces deux solutions mais fallait bien trouver. Trouver voilà ce qu’il fallait une chartre !

La charte de la femme !
Article 1 : La femme a toujours raison
Article 2 : Si la femme a tort l’article un entre immédiatement en vigueur

Et voilà pas compliqué finalement. En cas de dispute ou en cas de litige secouer un petit vélin de loi.
Une dose d’ironie et beaucoup de mauvaise foi. Mais la moitié des disputes étant ainsi faite La seule ombre à ce tableau c’est que nous étions en voyage de noce et cela risquait d’être ennuyeux pour la suite de notre programme. De toute façon j’allais être rapidement renseignée le bruit des sabots sur les pavés me signala que nous étions arrivés en ville. Au détour d’une ruelle il était la, balluchon en main me regardant venir.

Des grands yeux verts qui plongent dans les siens. Nos regards se cherchent, se toisent. Et puis c’est le rire. Ma main qui se tend pour l’aider à venir me rejoindre.
Rien ! Aucune dispute. Une complicité seulement.
Mais une charte à instaurer tout de même !
Missanges, le 19/11/2010 à 08:54 a écrit:
Et ce fut la route !
La longue route sans plus aucune ville, une route qui descend, qui descend.

Fini le son du marteau résonnant sur l’enclume que le forgeron s’évertue par la cadence régulière de son bras cognant sans cesse pour forger son acier.

Fini les cris des commerçants attirant par leurs voix les éventuels acheteurs pour vendre leurs denrées. Oui cette ambiance de marché allait me manquer pendant tout ce trajet sans ville. Ce fourmillement d’hommes et de femmes s’agglutinant sur le commerçant criant plus fort, cassant quelques assiettes ébréchées pour attirer encore plus, quelques badauds nigauds croyant au miracle de son produit. Cette effervescence de personnes vendant leurs blés, farines, pains. Ceux qui vendent, ceux qui achètent.

Fini les effluves de cuisine qui rendent certaines ruelles plus attirantes. Qui fait que nos pieds prennent ce dédale là pour sentir les arômes imaginant quel plat mijote doucement au coin du feu !

La chevauchée devenait différente. Une brume de couleur gris sale obscurcissait le ciel. Un brouillard glacé nous enveloppa soudain étouffant le bruit des sabots de Nuage. Mais celui-ci ne ralentissait pas semblait même jouer avec les lambeaux de voile. Tantôt épaisse, tantôt mince une traînée de brume nous suivait caressant nos visages de sa moiteur froide.

Puis comme un rideau se levant devant nos yeux, des champs de blé, des pommiers apparurent couvrant la plus grande partie de notre vision. Le soleil s’éveilla au-dessus de nos têtes inondant de ses rayons notre route. Des heures avaient dû s’écouler, Nuage avançait toujours soulevant la fine poussière du sol faisant rouler des cailloux sous ses sabots.
Des oiseaux multicolores s’envolaient sur notre passage. Certains planaient autour de nous puis regagnaient le groupe perdant quelques plumes dans l’air avant de se poser sur les branches d’un arbre. Les rayons de soleil jouaient à cache-cache avec les feuilles.
Nos regards allaient de découverte en découverte sur ce paysage.

Une ruine de maison en pierre sans toit ceinturait un gros chêne. Ces racines épaisses avaient fait basculer un pan de mur, prenant ainsi possession de l’ancienne bâtisse qu’elle fût.
Soudain Nuage encensa, dansant sur place, enflant ses naseaux, capturant une odeur. Une fumée légère s’élevait devant nos yeux. Une faible odeur de cuisine se répandait autour de nous.
Nos sens en éveil, scrutant les côtés qui bordaient le chemin. Une pensée traversa mon esprit, ami ou ennemi ? Nous n’étions plus en bretagne. Ma main se porta sur le pommeau de mon épée. Mon estomac gargouilla.

Et soudain…

Missanges, le 21/11/2010 à 20:55 a écrit:
Et soudain

Ce fut une ruée, comme un essaim d’abeilles sur un pot de miel. Une ruée d’enfants aux habits bariolés firent cercle autour de nous. Du rouge flamboyant, du jaune citron, du vert acide tout était des plus mal assortie. Chaque morceau de tissu crachait sa couleur pétard. Leurs chevelures flottaient au vent comme l’insoumise crinière de Nuage. Je sentis soudain celui-ci nerveux. Ses veines tremblaient, cognaient contre mes jambes. Mon regard se porta vers l’objet de sa nervosité.

Mes yeux se fixèrent, s’agrandirent, ma mâchoire s’ouvrit,
Purée, c’est quoi ses bestioles ! Des loups ? Des chiens ? Un croisement des deux ?
Quatre chiens poils hérissés, oreilles couchées grondaient découvrant leurs plus belles rangées de dent. Les enfants riaient devant mon air ahuri. Puis un long sifflement retentit dans l’air et le tremblement des mâchoires des bestioles s’arrêta. Les chiens reculèrent, se couchèrent la langue pendante. Mais leurs yeux restèrent fixés sur nous. La main toujours sur le pommeau de mon épée, j’essayais tant bien que mal de garder ces quatre bêtes dans mon champ de vision.

-Holà ! La belle. Tu comptes sortir ton épée ?
-Ben je vais essayer de vendre cher ma peau !
-Ta peau ? Je ne chasse que les bêtes à fourrure ça tient plus chaud l’hiver.
-Ah ! Je connais autre chose pourtant qui tient chaud l’hiver !

Un rire sonore résonna dans l’air et les quatre chiens se remirent en mouvement grognant encore plus.
Un tout petit homme s’avança, s’écartant soudainement du groupe des enfants. Une barbe épaisse encadrait son visage. Un cordon retenait son pantalon et son gilet semblait être fait de peaux de bêtes. Mes yeux le fixaient, le détaillaient. Je sentis le souffle de Nekkronn dans mon cou. Mais celui-ci ne disait rien. Puis l’homme reprit


- t’as jamais vu de nain ?
- Ben, non !
- Vous venez d’où les jeunes ?
- Nous venons d’un petit village de Bretagne, St Pol de Léon !
Puis j’ajoutais nous sommes en voyage de noce. Peut être que cela aurait une influence sur notre sort ? Sait-on jamais.
- Hé hé ! J’en ai entendu parler, enfin pas du village mais plutôt de sa prune.
- Ben, j’en ai avec moi. Si cela vous dit ?

Et ce fut à son tour de nous détailler. Les yeux mi-clos, il nous regarda. Son regard allait tantôt sur moi, tantôt sur Nekkronn. Je sentis son regard me transpercer. J’eus l’impression soudainement d’être nue devant lui et mes os se glacèrent. Comment un si petit homme pouvait avoir tant de pouvoir ! Gênée par son regard qui ne me quittait pas, je soutiens pourtant celui-ci. Une phrase vint à mon esprit
La mort plutôt que la souillure. Je le toisais encore plus, nos regards se jaugeant.
Un sourire vint éclairer son visage.

- La nuit va bientôt tomber, jeunes gens. Nous sommes des gens du voyage qui cheminent au gré des routes. Si vous partagez votre prune, nous partageons notre repas. Et si le cœur vous en dit vous pouvez prendre repos dans une de nos roulottes
- Une roulotte ?
nekkronn, le 21/11/2010 à 21:10 a écrit:
Après un bon repos, nous nous remîmes en route pour Bordeaux
Après quelques lieues, nous vîmes le toit de la première chaumière, puis une deuxième, puis une troisième etc.…
Nous arrivions à Niort après une longue traversée sans rencontrer le moindre village
Nous allions enfin pouvoir dormir dans un vrai lit avec un vrai toit.
Nous étions éreintés par cette longue traversée
La première chose que nous fîmes est de trouver un endroit ou passer la nuit ensemble
Nous prîmes la première auberge qui se présenta devant nous, sans doute trop impatient de nous reposer
Nous montâmes dans notre chambre


Chéri ! Regarde ce lit, nous allons enfin passer une bonne nuit

Je lui souris, elle avait raison, mais que voulait-elle dire par passer une bonne nuit ? Etait ce pour dormir ou autre chose ?
Puis une voie me sorti de mes songes


Chéri ! Regarde cette salle de bain elle est merveilleuse

Le temps de me réveiller et de comprendre ce qu’elle disait j’entendis l’eau couler dans la baignoire, puis un plouf puis un second.
Je me dirigeai vers la salle de bain et vis mon épouse prendre son bain
Elle me vit arriver et me sourit


Vient me rejoindre, tu verras la différence avec un vulgaire abreuvoir

Je me dis décidément les femmes ca n’oublie pas facilement quand ca les arrange mais oubliant cette pensée, je me déshabillai et la rejoignis dans la baignoire remplie d’une eau bien chaude qui sentait bon la lavande.

C'est vrai que c'est bon de prendre un vrai bain avec toi
Missanges, le 23/11/2010 à 08:50 a écrit:
Et c’est ainsi,
Au fond de cette cuve dans la première ville rencontrée, les yeux fermées que je revis notre entrée dans le campement et tout ce qui en avait suivi.
Notre dispute.
La première !
Sûrement aussi la dernière j’étais bien disposée à ne plus faire d’effort !

C’est donc,
Escortés d’une bande de gamins tout excités et de quatre énormes chiens que nous fîmes notre entrée dans le campement des nomades. Pas trop rassurée, je tenais les rênes de Nuage fermement ne lui laissant faire ainsi, aucun écart. Celui-ci avait l’air d’avoir compris que les bêtes avaient fait leur travail et se dirigeait lentement mais avec assurance calquant ses sabots sur leurs pas.

Je me surpris de voir l’un d’eux remuer la queue. J’avais entendu toutes sortes d’histoires sur ces gens du voyage sans jamais en avoir vu et soudain au milieu du bois les roulottes apparurent. Je souris en les voyant. On aurait dit de gros tonneaux posés sur des roues de charrettes. De grandes caisses en bois peintes de couleurs vives assorties aux habits des enfants.
Elles étaient disposées en cercle comme une gigantesque ronde enfantine et en son centre un grand feu de branchages brûlait illuminant par moment les roulottes. Les arbres environnant devenaient soudainement rouge flamboyant, jaune citron, vert acide. On eut dit une multitude de lucioles colorées qui se reflétaient contre les troncs.

Ce fut Nekkronn qui sauta à bas du cheval en premier me soulevant dans ses bras, me posant à terre doucement. Ses yeux rencontrèrent les miens et pendant un instant plus rien n’exista. Le bleu de la mer de Kastell était dans son regard. Un jeune homme s’approcha timidement de nous prenant Nuage par les rênes l’entraînant vers le groupe de leurs chevaux.

- Bienvenue dans notre campement, jeunes mariés !

- C’est nous qui vous remercions de votre accueil.

Nous avions répondu en même temps. La phrase à peine terminée qu’une petite bonne femme fit son apparition. Elle me fit immédiatement penser à Mahestine mais en plus petite. De grands yeux rieurs illuminaient tout son visage et ses manières étaient très maternelles. Dès son premier sourire, je me sentis soudainement bien. Après les présentations, elle tapa dans ses mains et de jeunes femmes apparurent portant de différents plats.

De grands troncs d’arbres servaient d’assises et certains restèrent accroupis, assis sur leurs talons mangeant ainsi. Tenant ma besace contre moi je sortis les bouteilles de prune prisent encore une fois dans la cave de mon père. Celui-ci à force de voir sa cave se vider, va prendre sûrement la couleur de ses collants ! Un sourire taquin passa furtivement sur mes lèvres en pensant cela.

- Voilà, notre célèbre Prunàvampi, du tout autant célèbre Vampirello qui la distillait dans sa cave.
Et c’est ainsi que le souper se déroula dans une ambiance chaleureuse de partage et d’amitié naissante.

Je sentis une langue râpeuse sur ma main et tournant la tête je vis coucher derrière moi un de ces quatre chiens, ses grands yeux noirs me regardant.
Ben tiens, encore ma veine ça ! Me penchant très légèrement vers lui. Je murmurai doucement
Va voir Nek…
Le repas touchait à sa fin, une douce musique s’éleva autour de nous. Plusieurs jeunes hommes apparurent instruments en main et les jeunes filles qui nous avaient servi se mirent à danser. Leurs lèvres étaient rouges comme la couleur de leurs châles qui se terminaient en franges de perles. Celles-ci cliquetaient à chaque mouvement de leurs corps. Sensuelles et élégantes elles ondulaient leurs hanches suivant le rythme de la musique. Elles faisaient glisser lentement leurs grandes étoffes le long de leurs bras, puis la faisaient tourner autour de leurs tailles, tournant en souriant sur elles-mêmes.

Mon regard se posa sur mon mari. Il semblait hypnotisé, déglutissant doucement. Une fille plus osée voyant sa fascination exercée vint lui poser son châle autour de sa tête lui faisant les yeux doux.
Les yeux de Nekkronn étaient fixés sur elle.
J’eus soudainement très chaud, mais cette chaleur ne venait pas du feu, elle était en moi. Soudain ses yeux se détachèrent de la danseuse et il me regarda.
Le feu semblait avoir gagner mes yeux et mon regard se fit incendiaire. Inclinant sa tête sur le côté ses lèvres touchant mon oreille

Jalouse !
Hein !
Cela en était trop ! Je me levai énergiquement en prenant le fichu de la jeune fille lui faisant le plus noir de mes regards.
Et lentement, très sensuellement je fis la danse du ventre. Championne du numéro huit la Miss lorsqu’elle est en colère. J’ondulais mon bassin, glissant le châle, insistant lentement avec celui-ci sur mes formes féminines. Sauf que moi je chantais en plus capitain BAM et que de suite cela en jette plus !

Non mais ! Moi aussi je sais les faire cliqueter les perles !

Missanges, le 25/11/2010 à 21:23 a écrit:
C’est vrai que c’est bon de prendre un vrai bain avec toi.

Mes paupières se lèvent lentement et mes grands yeux verts le fixent. Je ne réponds pas. Je ne dis rien. La nuit avait été silencieuse. Nekkronn avait senti une tension. Aucun commentaire sur le lit dans la roulotte du campement. Rien juste deux corps qui se couchent dos à dos sans se parler. Chacun restant sur sa position. Chacun n’ayant tort évidemment.

Lui avait dormi, moi pas !
Revoyant sans arrêt cette danseuse devant moi. La route avait été aussi des plus silencieuse avant d’être ici dans cette cuve sentant quelques effluves d’huiles parfumées, dans cette ville dont je n’avais pas retenu le nom.

Mes mains appuient chacune de chaque côté sur le rebord de cette grande bassine moins âpre qu’un abreuvoir et pourtant. La douce pierre me revint en mémoire et le plaisir de celle-ci aussi. Merveilleux moment d’enchantement. Comme quoi, ce n’est pas le confort des choses que l’on retient, seulement le plaisir du moment, le bonheur d’être bien n’importe où.

Mon pied, puis l’autre se pose au sol venant mouiller la latte de bois du plancher. Quelques gouttes glissent rapidement de mon corps comme attirées par ce sol et forment une légère flaque autour de mes orteils. Je m’avance dans l’autre pièce et mes pieds dessinent l’empreinte de mes pas. Marques sombres, au contour imprécis, j’appuie un peu plus sur ma jambe accentuant le dessin. Je regarde amusée la trace d’un talon à demi rongé et cinq petits points sgimates de mes orteils. Puis dans le silence lourd de la pièce je m’habille d’habits propres, d’habits de voyage, notre route continue.

Je fus la première dans l’écurie longue et étroite. Le sol était jonché de paille que mes bottes firent craquer. Je comptai machinalement combien de compartiments contenait cette écurie, combien de chevaux étaient là attendant ses maîtres. J’avançai en direction du mien.

Il était là !
Mon étalon blanc au large poitrail, relevant impétueusement la tête sentant mon odeur. Me sentant arriver. Ma main se fit caressante sur son corps, mes yeux plongèrent dans les siens, puis mes mains encadrèrent sa tête et mes lèvres déposèrent un baiser sur le haut de ses naseaux.

Bonjour toi !
Harnachant en silence ma monture, plongée dans ma réflexion j’entendis la paille craquer à nouveau. Je sus que Nek était là.
Tu vas bouder encore longtemps ?
Ah ! Evidemment c’est moi !
En selle ma belle têtue !
Deux mains me soulevèrent m’aidant à me mettre sur le dos de Nuage, puis un corps vint me rejoindre se serrant contre moi. Nous partîmes au galop sous une légère pluie. La route qui menait à La Rochelle n’était guère différente de celle d’où nous venions légèrement plus grande mais toujours de terre battue, cependant plus triste sûrement dû à la grisaille du temps.
Missanges, le 30/11/2010 à 18:27 a écrit:
Le soleil et sa clarté avaient cédé sa place à une pluie fine et glacée qui donnait au ciel une couleur grisâtre. Puis les gouttes se firent plus rapide, plus grosses. Des éclairs jaillirent filant à droite et à gauche semblant ouvrir le ciel en deux, venant mourir devant nous.

Je changeai de position sur ma selle, me recroquevillant pour échapper à ces gouttes.
Peine perdue !
Une brume froide nous enveloppa soudainement, transperçant ma cape, puis ma chemise. Un vent froid et humide se mit à souffler. Mon vêtement se gonflait lorsqu'une rafale s'engouffrait sous ma cape et il se recollait à ma peau lorsque les bourrasques faiblissaient. Ce moment désagréable continua inlassablement glaçant ma chair et mes os.
Nuage avançait dans un flip flop monotone. Tout autour de nous semblait avoir disparu, nous avancions entourés d’ombres.
Soudain quelques lueurs semblèrent vaciller au loin. Mes yeux essayèrent de fixer ces points, mais l’eau ruisselante de ma cape vint toujours les refermer. J’avais froid, j’en avais marre.
Je découvris un autre aspect des voyages, je découvris les aléas du mauvais temps.

Puis les lumières se firent plus vives, plus proches et des maisons apparurent. Une seule idée revenait sans cesse, trouver une auberge, une taverne, trouver un toit.

J’ouvris la porte de la taverne avec une énergie qui me surpris. Je fus attirée par la cheminée comme un aimant. Otant ma cape, je l’installai sur le dossier d’une chaise la faisant sécher. Je mis celle de mon mari contre la mienne, puis ses bras protecteurs m’entourèrent. Nous étions trempés jusqu'aux os tous les deux. Mon regard se porta sur une silhouette qui remuait. La seule personne qui était dans l’auberge, une dame ravissante.
Et les présentations commencèrent, la discussion s’engagea. Nous voyant ainsi, elle nous proposa un repas et la possibilité de changer nos vêtements.
Et nous la suivîmes
Merveilleuse Yelina.

Sa maison était à étage et l’escalier pour accéder à celui-ci tournait sur lui-même comme une spirale. Un bel ouvrage de charpentier.
La pièce qui faisait fonction de salle d’eau était décorée avec raffinement. Une pierre creuse ressemblant à une mangeoire était posée sur un meuble et un grand pichet semblait attendre ma main. Aucune grande cuve cette fois pour s’y délasser avec plaisir mais la maison reflétait une chaleur comme l’âme de sa propriétaire. Chacun à notre tour nous fîmes notre toilette, changeant nos vêtements et lorsque ce fut le tour de Nek je descendis laver nos habits. Une pièce attenante à la cuisine faisait office de lavoir intérieur pour l’hiver. Contre un pan de mur plusieurs bassines de la plus petite à la plus grande s’empilaient les unes dans les autres. Un fil était suspendu en travers de la pièce prenant appui sur les murs opposés. Je pendis mes habits qui s’écoulèrent sur le sol en terre battue. Une maison modeste très fonctionnelle.

Lorsque Nekkronn descendit à son tour de l’étage. La table était dressée et nous partageâmes le repas. Des heures passèrent ainsi, puis ce fut l’heure du départ. Notre dernière étape, Saintes. Nous fûmes émus de nous quitter, une sympathie spontanée s’était installée rapidement entre nous. Mais elle promit de nous rendre visite au moulin et cela nous réconforta.
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Missanges

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MessageSujet: Re: Ballade à deux... Hénissement...Non à trois...(26 octobre 1458 )   Ballade à deux... Hénissement...Non à trois...(26 octobre 1458 ) Empty13/12/2010, 06:01

Missanges, le 02/12/2010 à 13:18 a écrit:
Et ce fut la route !
Nuage entra dans la ville et s’aventura dans une large ruelle pavée. La pluie avait cessé mais le sol restait glissant. La rigole centrale séparant les pierres en deux déversait son trop plein sur les sabots de ma monture et sur les pieds des passants.

Des échoppes étaient installées de chaque côté de la rue. Quelques commerces commençaient à ouvrir leurs portes. Ils mettaient en valeur leurs denrées sur des tables devant leur façade. Le jour se levait. Au fur et à mesure que Nuage progressait, mon regard se faisait curieux. Un homme, sûrement un tisserand, donnait des coups d’aiguille dans une toile, pas différente de nos toiles bretonnes. Son geste était régulier et le fil colorait le tissu à chaque passage. Un souffle dans le creux de l’oreille me sortit de ma rêverie.
-Tu trouves quelques choses à acheter chérie ?
-Je regarde, pourquoi pas !

Conduisant Nuage selon les explications de Jerlac, je comptai les maisons, une…deux…voilà, je pense que c’est celle-ci. Tirant sur les rênes pour stopper mon cheval. Celui-ci s’arrêta devant une haute maison qui ressemblait à toutes les autres. Mon poing tambourina sur la porte. Une lumière vacillante passa à travers les commissures de celle-ci et soudain elle s’ouvrit. Chavilk se tenait devant nous en chemise de nuit et chaussettes roses aux pieds !

- Coucou !
Prenant une inspiration il cria bien fort
- Jerlaaaaaccccc, c’est Miss et Nek descend !
Un brouhaha se fit entendre et Jerlac fut rapidement autour de nous, heureuse de nous voir. Et tout s’enchaîna, les jours passèrent vite, trop vite. Tant de choses à visiter, tant de choses à découvrir.
Merveilleux moments que ceux- là ! On eut dit que les jours raccourcissaient. Plus assez de temps pour tout voir.

Dans la chambre d’amis, le soleil s’infiltrait à travers le carreau de la fenêtre. Le lit était chaud, mon corps contre celui de mon époux, j’écoutai sa respiration profonde. Ramenant le drap par –dessus ma tête, voulant être encore dans le noir. La fine toile laissa tout de même passer la clarté qui s’installait dans la pièce. Soudain le drap se rabattit et des yeux bleus me regardèrent, puis des mains me chatouillèrent.

- On se lève belle dormeuse ?
- Oui, j’entends du bruit je crois que jerlac et Chav sont déjà en bas.
Me précipitant à bas du lit, je courus vers la porte en disant
- Le premier en bas tartine le pain de l’autreEt je déboulai rapidement dans la cuisine tonitruant un bonjour précédant mon mari.

Ce fut leurs visages qui stoppèrent mon élan. Un je ne sais quoi dans leurs yeux. Mon regard allait de l’un à l’autre sentant, présentant un souci. Ce fut Jerlac qui rompit le silence

-Miss assied toi. Nous avons reçu un pigeon porteur d’une mauvaise nouvelle.
Le pigeon était encore là roucoulant doucement mangeant les graines qu’on lui avait donné en remerciement de sa course. Mes mains prirent le vélin tendu tremblant soudainement. Mes yeux fixèrent l’écriture, le temps s’arrêta. Les lignes devinrent troubles.
Un long souffle étranglé jaillit de ma gorge.

Père !
Portant ma main contre mon cœur, mes membres se mirent à trembler. Deux bras protecteurs m’entourèrent et je fondis en sanglots dans les bras de mon mari. Jerlac avait préparé le nécessaire d’écriture. La plume avait remplacé le lait bien chaud que nous prenions le matin. Le visage crispé par le chagrin la main tremblotante j’écrivis.

Citation :
Cher Korne, Cher ami,

Je suis toujours à Saintes finissant notre voyage.
Je ne comprends rien à un message reçu récemment.

Un pigeon m’informe que mon père est mort tué par des bretons. Il est cependant signé père, mais je ne reconnais pas l’écriture.
Est-ce une blague de mauvais goût ?
Est-ce la réalité, mon père est t’il mort ?
Comment ?
Je me sens si loin de vous, de lui surtout. Nous partons immédiatement.
Je sais Blotus en voyage également, fait le nécessaire, prévient les membres de notre tout jeune clan. Je suis en pensée avec vous.

Ton amie

Miss
Posant la plume, le cœur lourd, le temps de nous habiller et de faire nos bagages nous prîmes congé de nos amis. Quittant le bâtiment en pierre qui abritait Nuage le temps de notre séjour. Le vent glacé brûla ma joue de sa morsure. Pourtant je ne réagis pas. Mes gestes se firent machinal sans plus aucune énergie. Nos capes claquèrent sur le dos de Nuage et ce fut la route.
Le retour !
Missanges, le 05/12/2010 à 10:47 a écrit:
[Sur la route avant Vannes]

-Chérie ! Nuage va mourir d’épuisement à cette cadence là. Il faut s’arrêter un peu.
Son index se tendit, droit devant en direction d’une maison éventrée.
-Elle a l’air abandonnée, allons voir.
Ce fut Nek qui descendit du cheval en premier et qui inspecta la maison. Une grande bâtisse ouverte aux vents. Je mis pied à terre à mon tour et le rejoignit. Aucune portes, aucune fenêtres, seule la pierre était fièrement debout. Bravant les changements de saison, résistant au temps.

Mes yeux parcoururent la pièce indifférente à ce qui m'entourait. Un chaudron trônait dans le centre de l’âtre recouvert à demi par les cendres. La table qui avait du voir autrefois de nombreuses personnes autour d’elle était cassée, affaissée sur elle-même. Des éclats de bois jonchaient le sol. Des débris de vaisselles étaient éparpillés tout autour.

Une main passa autour de ma taille et m’entraîna dans une autre pièce, une ancienne écurie sûrement. Nek avait entassé la paille et étalé nos couvertures sur celle-ci réalisant ainsi un lit.

-Ce n’est pas notre moulin, chérie, mais nous pouvons au moins nous reposer cette nuit.

Allongée sur ce lit improvisé, entourée de ses bras, je fermai les yeux pour essayer de dormir, essayer de trouver la sérénité. Le sommeil mit longtemps à venir puis la nuit me happa. Et ses rêves aussi
Un cri au loin retentit, un cri semblable à celui d’un homme mourant sous les coups d’épées. Je vis mon père et Lilith, je m’imaginais leur combat. Les noms inscrits sur les vélins reçus dernièrement repassaient sans cesse devant mes yeux.

Pourquoi ?
Et moi j’étais loin !
Tous ces noms prirent soudain la forme de bêtes, aux têtes hideuses, aux crocs féroces. Les hommes, des bretons amis un jour, devenu le lendemain des monstres aux lames acérées.
Qu' y a-t-il de pire que des bêtes qui tuent d’autres bêtes !
Des hommes qui tuent d’autres hommes. Qui tuent sans raison, sans guerre. Des bretons contre des bretons.
Salauds !

Je voyais mon père courir auprès de sa compagne la protégeant, vacillant sous les coups d’épées puis renversé, transpercé.
Salauds !

Et toutes ces bêtes avides et assoiffées du sang de mon père, un honorable breton, un fils de Kastell dont les mains étaient plus habiles à la rédaction des manuscrits au bureau de l’encyclopédie.
Lui qui donnait tant de sa personne pour la Bretagne.
Lui qui avait fait la guerre des cent jours.
Lui qui était là, genoux au sol, face contre terre, acculé par cette violente sans savoir pourquoi.
Deux bretons contre une armée, une armée de bretons.
Salauds !

Ils sont devenus fous !

-Réveille-toi !
-Chérie réveille-toi !

Je sentis une main me secouer afin de me réveiller. J’ouvris les yeux, Mon mari était là devant moi, le visage plein de douceur.
-Chérie, tu as fait un cauchemar, lève-toi, nous partons
Je me dégageai de la couverture, je me redressai en frottant mes yeux voulant oublier ce cauchemar. Pourtant il était là, je m’en souvenais, l’atroce souffrance était en moi. Je frissonnai.
Deux bras m’enveloppèrent.
Viens chérie, demain nous serons à Vannes.
Nous sortîmes et un pigeon était là près de Nuage, roucoulant doucement comme fatigué par un long voyage. Il m’attendait un courrier à la patte. Mon cœur bondit, des nouvelles bonnes ou moins bonnes ce fut ma pensée.



Citation :
Ma chère amie,

Je suis très triste d’être l’instrument de cette mauvaise nouvelle. Le message que vous avez reçu a été écrit par le père aumônier de Vannes. Voilà pourquoi vous n’avez pas reconnu l’écriture de votre père Peterpan. Cependant le message qui vous était destiné et que notre ami Guigoux vous a envoyé ne semble pas être arrivé à destination. Il s’est effectivement passé un grave événement mais votre père est vivant.

Ce dernier et dame Lilith ont été attaqué par une armée illégale qui campe en Bretagne en ce moment. Mené par Celle dont on ne doit pas prononcé le nom. Et cette armée est effectivement composé de Bretons.

Votre père a été très grièvement blessé et est soigné à Vannes en ce moment où j’écris ces douloureux mots pour vous. Il est vivant. Mais à ce que je sache son état est très grave et préoccupant. Je ne peux que vous recommandez d’écourter votre séjour à Saintes. Et venir au chevet de votre père. Votre présence ainsi que celle de votre époux ne pourra qu’être salutaire et lui donnera énergie et courage pour se battre pour sa vie. Car il est peut-être en ce moment en train de livrer le plus grand combat de sa vie.

Mais son courage pourrait défaillir car … euh … comment dire… dame Lilith, sa fiancée, notre amie, n’a pas survécu à l’attaque. Malheureusement, il le sait. Et ce poids l’accable et pourrait lui enlever le désir de se battre pour sa vie. Venez ! N’hésitez pas ! Il a besoin de votre force à vous deux. Ainsi que celle de son fils. Lui montrer qu’il a de bonne raison pour continuer à vivre. Venez à Vannes !

Notre ami Guigoux a aussi écrit à votre frère. Je pars pour Vannes demain. Je pourrai vérifier auprès de notre ami s’il a des nouvelles de votre frère. Je vous tient au courrant. Les membres de notre jeune Clan sont déjà prévenus. Plusieurs sont à Vannes et d’autres en route ou sur le point de prendre la route pour cette destination. Et j’attends la réponse de plusieurs autres disséminés un peu partout en Bretagne

Votre humble et fidèle ami qui vous transmet toute son amitié.

Kornephoros
Clan du Gwenn Ha Du

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